La même chose

2e tirage 2007
15,6 x 23,8 cm, 43 p., 11 €,
isbn : 2-9526915-1-7

La même chose, c’est le quotidien des moutons. Mais c’est aussi une quête en dessin, et à travers lui, une exploration des perspectives que nous ouvre l’efflorescence désordonnée de nos moyens d’interrogation. Car c’est dans la répétition du même que se dévoile au mieux la part irréductible que nous prenons à l’existence de ce que nous vivons et de ce qui nous entoure. Et avec cette part de nous-mêmes, se révèle la diversité colorée de nos humeurs et de nos façons de concevoir.

1er tirage 1993

Le livre est fait de trois parties. La même chose a été exposée au Salon Découvertes à Paris en mars 1994, Vivait en se multipliant et Toujours la même chose à la FIAC en octobre 1993 et 1994 respectivement.

La même chose

Appendice

Brouter, se renouveler. Boire, s’évaporer. Se lever, se coucher. Penser, défaire. Repenser, refaire. C’est la même chose. C’est tout l’art. C’est ce que nous faisons. On se dit qu’il faut continuer, insister. Que ce sera toujours la même chose sans doute. S’il reste quelque chose à l’issue. Et que ce sera toujours ça. 

Probablement qu’au départ déjà, tout n’est pas fixé. Nos vies ne seraient pas tout de suite dessinées — ou alors très furtivement ou très maladroitement — pas tout à fait achevées, c’est pour cela que nous nous mettrions à chercher.

  Il se peut qu’ensuite, en passant, nous trouvions des choses qui nous semblent parfois plus définitives que d’autres, plus pures ou mieux différenciées. Mais ce que nous cherchons devait receler un sacré ressort d’indétermination. Sinon accepterions-nous de passer nos vies à répéter la même chose, le même quotidien ? Recommencerions-nous chaque jour les mêmes gestes si ceux-ci ne devaient rien aux manières particulières qui s’ouvrent à nous de les entreprendre et n’attendaient rien de nos désirs contraires ou de nos humeurs provisoires ? Nous tentons de cerner les choses par la variété des regards que nous portons sur elles, mais cette variété les rend toujours autres et les fait échapper, en même temps qu’elle nous détache de nous-mêmes et nous rend chacun à notre mystère.

  Peut-être même, les choses ne sont-elles rien d’autre que ces espoirs opposés qui nous tiennent en activité. Et cette efflorescence mobile et colorée donne le ton de nos existences.

Ouessant, juillet 1993Paris, décembre 1993

Toujours la même chose

Vivait en se multipliant

Préface

L’essai qui commence provient de dessins pris au crayon dans les carnets d’un mois de juillet passé sur les sentiers d’Ouessant, dessins repris à la plume par la suite, cherchés, décomposés, recomposés, réinterprétés, réinvestis à l’atelier. Plus précisément, Vivait en se multipliant est né de l’horreur d’une charogne qui barrait l’un des sentiers côtiers de l’île, un matin de soleil et de vent léger, où rien ne semblait appeler la mort. Le cadavre, affreusement baudelairien, est resté là, sur son promontoire face à la mer, pendant tout le temps de mon séjour, provoquant à chaque passage par cet endroit la même répulsion, mais aussi le même désir de regarder, d’enregistrer, de transcrire et de transfigurer ce qui s’opérait, malgré la puanteur du lieu et l’incongruité de s’y arrêter.

Plus loin sur le chemin, des moutons broutaient, vivaient et recommençaient, regardaient la mer, se ressemblaient et recommençaient avec une infinie douceur. Le grégaire, éternel, se rapprochait du prolifique, éphémère, dans une même possibilité de dépassement. Chacun ouvrait sur lui de multiples regards, qui en retour, lui découvraient des dimensions inconnues. Et les questions qui demandaient où nous allions, nous décomposant, nous recomposant, mourant à tout moment pour revivre aussitôt, rejoignaient les questions demandant qui nous étions, nous individualisant, nous fondant les uns dans les autres pour nous isoler de nouveau à chaque instant.

Baudelaire, Une charogne (extrait)

Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme,
		Ce beau matin d’été si doux :
Au détour d’un sentier une charogne infâme
		Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l’air, comme une femme lubrique,
		Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d’une façon nonchalante et cynique
		Son ventre plein d’exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
		Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
		Tout ce qu’ensemble elle avait joint ;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
		Comme une fleur s’épanouir. (…)
On eût dit que le corps, enflé d’un souffle vague
		Vivait en se multipliant.
(…)
Les formes s’effaçaient et n’étaient plus qu’un rêve,
		Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l’artiste achève
		Seulement par le souvenir. (…)	

Il a été tiré de cet ouvrage 
cent exemplaires sur Rivoli 120 g
achevés d’imprimer le 15 février 2007
sur les presses de l’imprimerie FRAG à Paris
 
constituant la deuxième édition de
 
La même chose
 
 
© Corduriès, Paris, 1993, 2e édition, 2007
7 rue de Venise, 75004 Paris
www.corduries.fr
 
La même chose a été présenté au Salon Découvertes à Paris en mars 1994.
Les dessins de Vivait en se multipliant et de Toujours la même chose ont été exposés à la FIAC respectivement en octobre 1993 et 1994.
  
ISBN : 2-9526915-1-7
EAN : 9782952691512
 Dépôt légal : mars 2007